Message d’Alexandre Goutine au maire de Samara Oleg Foursov – « diffamation »

Dans son message, publié le 2 février sur Facebook, Goutine a vertement critiqué le maire pour ne pas avoir été capable de déneiger les rues de la ville. Le message foisonne d’injures. Foursov a déposé plainte auprès de la police pour diffamation et, le 4 mars, les forces de l’ordre ont ouvert une enquête au regard de l’article 128.1 du Code pénal. Deux jours après, des policiers se sont présentés au domicile de Goutine.



Le but de leur visite était d’inspecter l’ordinateur du blogueur. « Ils l’ont examiné. Enfin, je leur ai tout montré spontanément », écrivait Goutine après la visite des policiers. Dans un premier temps, il avait illustré son explication avec une photo du Capitaine Goussev, en charge de la perquisition. A la demande de ce dernier, le blogueur a retiré la photographie, affirmant que le policier s’était comporté « en type tout à fait normal ».

Il n’y a pour l’instant ni suspects ni inculpés dans cette affaire.

Goutine n’est pas le seul sur qui le maire s’est vengé. Andreï Sokolov, avocat à Samara, se trouve parmi les 12.000 lecteurs à avoir partagé son message. Le 25 février, le juriste a signalé que Foursov portait plainte contre lui auprès du Directeur du centre régional du Ministère de la Justice Sergeï Bystrevski. Celui-ci a demandé que l’Ordre des avocats le prive de son statut. Sa demande sera examinée en commission le 17 mars.

Au 16 mars, le post de Goutine n’apparaissait plus sur sa page Facebook.

Message d’Alexandre Goutine au Maire de Samara :

Cher putain de Maire de notre ville ! Mon cher connard Oleg Borisovich ! Cher imbécile bien aimé de tous, Camarade Foursov !

Toutes mes félicitations ! Quel champion vous êtes ! Tout le monde ne sait pas se payer un hélicoptère. Mais vous oui, même dans ces conditions de crise sévère et de bordel généralisé. Vous y êtes arrivé. Vous tenez bon. Chapeau bas, mon petit papa ! Je crois de tout mon cœur, putain, que n’avez pas acheté cet hélicoptère avec de l’argent volé. Peut-être même que vous avez été faire un crédit à la banque. Est-ce possible ? Bien sûr ! Et celui qui ne le croit pas, c’est une grosse merde.

Pour être franc, je sais bien que vous n’avez pas craché le moindre kopek. Quand vous avez besoin de quelque chose, on vous l’apporte tout de suite. On étalera même du miel sur votre sainteté orthodoxe, et on vous embrassera trois fois.

Et si vous n’avez pas acheté d’hélicoptère, alors ce serait vraiment intéressant de savoir comment vous allez au travail à travers les rues de notre putain de ville ? Ou alors vous ne le faites jamais ? Autrement vous auriez su que c’est le bordel total pour le moment dans nos rues, c’est l’enfer, c’est carrément le Pakistan ! La neige est arrivée si brusquement cette année, qui aurait pu le croire ! Russie, hiver, neige. C’est une logique tout à fait insensée, une mauvaise surprise! Une combinaison à se faire exploser le cerveau ! De la neige en hiver en Russie ? C’est un coup monté d’Obama !

J’aurais bien dit qu’on s’en fout de la neige, qu’on l’emmerde, mais Oleg Borisovich, si je peux me permettre, elles sont passées où les déneigeuses ?

Aujourd’hui, j’ai mis une demi-journée pour faire 5 kilomètres. Je me suis embourbé deux fois, merci à ma pelle et aux trois braves gens qui ont dégagé ma grosse voiture. Je l’ai vue tomber en rade, ma UAZ Patriot. Pourtant en principe une voiture c’est construit de manière à ce qu’elle ne tombe pas en rade, si on en croit le constructeur.

Et le plus dingue là-dedans, c’est que je n’ai pas vu le moindre tracteur, la moindre déneigeuse, le moindre foutu Bobcat de merde. De merdouille. De merdouillette.

Je suis retourné chez moi évidemment. Sale et trempé comme un gros dégueulasse, avec ma pelle toute tordue, elle a probablement déblayé autant de neige que pourrait le faire un Bobcat. On s’entend, c’est vous, Oleg Borisovich, espèce de connard, qui allez me payer pour le pilotage de cet engin. Mais ma pelle, bordel ! J’aurais bien voulu qu’on me l’indemnise, une fois que j’aurai un peu joué avec la déneigeuse/défoncé la déneigeuse/embarqué la déneigeuse à la datcha/ou je ne sais pas très bien où encore.

De toute façon vous achèterez cet hélicoptère, puisque dans les rues règne un putain d’holocauste.

Dans l’ensemble, j’ai rien contre vous, Camarade Foursov. On ne vous avait même pas remarqué en fait, et on continuera à le faire. Et vice-versa. C’est la vie.