A Syktyvkar, la Flamme du Souvenir est familièrement appelée « les bonnes femmes qui grillent le crocodile ». Pour avoir mentionné ce surnom dans l’une de ses publications, la revue en ligne « 7×7 » a écopé d’une amende de 200 milles roubles en regard à l’alinéa 4 de l’article 13.15 du Code de la Fédération de Russie sur les infractions administratives (profanation publique de symboles de la gloire militaire russe au travers des mass-médias ou Internet). L’éditeur de la revue a contesté cette amende, mais a néanmoins été débouté.
Le 26 septembre 2015, la revue « Meduza » avait diffusé un test consacré à la ville de Syktyvkar. L’une des questions posées était : à quel site de Syktyvkar a-t-on donné le surnom « les bonnes femmes qui grillent le crocodile » ?
Le 19 octobre 2015, la revue « 7×7 » publiait une interview du blogueur Ilya Varlamov. Le correspondant, se rappelant du test de « Meduza », lui avait posé la fameuse question du surnom. Le blogueur avait correctement répondu.
Fin octobre, un certain Andreï Koustov a dénoncé « Meduza » et « 7×7 » auprès de la direction régionale de Roskomnadzor en déclarant qu’un tel nom profanait ce symbole de la Russie. Le 16 novembre, le conseil d’expertise de la direction régionale a soutenu la dénonciation de Koustov. Ce conseil comprenait des fonctionnaires de l’administration publique, l’ombudsman régional Nadejda Bykovskaia, l’ancienne directrice de l’Agence de presse et des communications de masse de la République de Komi Irina Braguina, ainsi que l’attachée de presse du Ministère de l’Intérieur de la République Vera Zheleztsova.
L’affaire contre « 7×7 » a été transmise au tribunal, mais ne concerne pas « Meduza », pour autant que l’on puisse déjà en tirer une conclusion.
La juge de paix de l’arrondissement Koutouzovski a mis « 7×7 » à l’amende le 15 janvier 2016. Cependant la somme imposée est deux fois plus petite que le minimum prévu par le Code. Les amendes en référence à la violation de l’alinéa 4 de l’article 13.15 vont de 400 milles à un million de roubles.
Roskomnadzor a fait savoir le 2 mars que le tribunal de la ville de Syktyvkar a rejeté l’appel de l’éditeur. Le directeur de la revue, Pavel Andreev, a cependant notifié que personne n’avait été averti de la séance tenue pour statuer sur le pourvoi en appel.
« Nous allons contester cette décision auprès de la Cour Suprême, quitte à aller voir la Cour Européenne des droits de l’homme », a promis Andreev. « Nous avons affaire ici à une atteinte à la liberté d’expression ».
Il semble que l’on a donné ce surnom au mémorial depuis sa construction en 1981. Il était tout au moins déjà connu dans les années 90. Le surnom est apparu sur Internet au plus tard en 2004, lorsque que le designer et blogueur Artemii Lebedev avait publié un article sur Syktyvkar.