Déclaration du comité d’organisation de la Marche en souvenir de Boris Nemtsov à Nizhny Novgorod

Le 20 février 2016, Roskomnadzor a exigé de l’administrateur du site web « Nemtsovmost » (le Pont Nemtsov) qu’il supprime le communiqué suivant, en le menaçant d’en bloquer l’accès s’il n’obtempérait pas. L’administrateur a répondu aux exigences des fonctionnaires sans protestations.


Ce communiqué annonçait la tenue d’une Marche en la mémoire de Boris Nemtsov, bien que celle-ci ait été illégalement interdite par la Mairie.

Dans son avertissement, Roskomnadzor se réfère au Parquet Général et affirme que ce document « contient des appels massifs au désordre, à l’exécution d’actes extrémistes, à la participation d’événements de masse (publics) menés en vue de troubler le maintien de l’ordre ».

Le site « Nemtsovmost » offre de l’information en soutien aux personnes qui veillent 24h/24 sur le mémorial installé spontanément sur le Pont Bolshoï Moskoretski, là-même où Boris Nemtsov a été assassiné.

« Le refus d’autoriser la marche est un acte de solidarité de la Mairie envers les assassins »

            Déclaration :

Mépris. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier le refus cynique des autorités de Nizhny Novgorod, ville où Boris Nemtsov est devenu le premier gouverneur de l’ère post-soviétique, d’autoriser une manifestation en son souvenir. L’indécence, pratiquée au quotidien comme un véritable style politique, est un trait caractéristique de la classe dirigeante actuelle en Russie. Et ce en dépit de sa piété toute singée. Tu donnes aux fonctionnaires de la ville (qui pour la plupart n’ont pas travaillé plus d’un an sous le mandat de Nemtsov) ne fût-ce qu’un chouya de sens moral, et ils organiseraient eux-mêmes la manifestation, ils y marcheraient en tête. Il en va pourtant tout autrement.

Nemtsov n’était pas un simple gouverneur démissionnaire, il était l’un des opposants politiques les plus virulents du pays, un critique inlassable du régime en place. Il n’est pas mort dans son lit, ni même dans un dramatique accident. Il a été ouvertement assassiné sur la principale place du pays, sous les caméras de surveillance du Kremlin. Les traces des organisateurs de ce meurtre mènent à Ramzan Kadyrov, larbin servile qui exécute les volontés de l’actuel occupant du Kremlin.

Les fonctionnaires de la ville comprennent très bien quelles forces sont derrière celui qui a pressé sur la gâchette, cela va de soi. Dans ces conditions, l’interdiction effective d’organiser un meeting en mémoire de Nemtsov au cœur de la ville de Nizhny Novgorod ne signifie rien d’autre qu’une démonstration d’indifférence de haut vol.

Nous ne savons pas précisément qui sont tous ces gens censés porter la responsabilité pénale de l’organisation du meurtre de Boris Efimovitch. Aujourd’hui cependant, nous pouvons dire qu’entre autres le chef de l’administration de la ville Sergeï Belov, le maire Ivan Karniline et le gouverneur Valery Shantsev se sont librement attribués la responsabilité politique de cet assassinat.

Les criminels ne feront pas peur aux habitants de Nizhny Novgorod. Nous appelons ses citoyens libres à prendre part à la Marche pour la mémoire de Boris Nemtsov ce 27 février. La manifestation aura lieu sans le consentement des meurtriers ni de leurs sympathisants.